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L’effrayante odyssée d’un tortionnaire

  • Grégory Vautrin
  • 22 mai 2019
  • 5 min de lecture

A ce qu'il paraît, le temps est assassin. La disparition de Josef Mengele décortique la mécanique du temps. Du temps qui passe. Du temps qui défile entre 1949 et 1979. Indirectement, du temps de recherche, des voyages pour mener à bien un travail de fourmi qu’Olivier Guez a effectué avec ce livre-documentaire. Un livre pour nous montrer et nous apprendre. De facto, il y a des zones d’ombre, des scènes vraisemblables mais fictives, que seul un roman peut combler. Mais Olivier tutoie de (très) près la vérité de Josef Mengele.

Ce roman illustre une machine bien huilée, la vie de Josef Mengele, qui se dérègle petit à petit. Il exprime ce temps qui, parfois, permet d'oublier alors que justement, ici, il faut se souvenir.

Procul recedant somnia, et noctium phantasmata. Puissent-ils rester loin de nous, les songes et les chimères de la nuit.

Immédiatement, après ma lecture de La disparition de Josef Mengele j’ai pensé à la pensée de Lao-Tseu. « Si quelqu'un t'a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre. »

Au détail près qu’ici, il n’y a pas de rivière. Simplement une plage de Sao Paulo.

Le Prix Renaudot 2017 c’est Olivier Guez. Olivier ouvre son livre par une citation de Czeslaw Milosz. Or, c’est un poète que je connais. Aussi bien qu’on puisse connaître quand on lit.

Alors, Olivier – et toi qui liras peut-être ces lignes- je te réponds, je te fais une promesse en préambule, comme un miroir, un écho par une adaptation du poète polonais « Juste parmi les Nations »:

- Peut-être que ce n'est pas un poème, mais au moins je dis ce que je ressens. Sarajevo

Peut-être que ce n’est pas un article, mais au moins je dis ce que je ressens !

Le livre La disparition de Josef Mengele n’est pas dur. Non, il est pire.

C’est ce qui en fait d’ailleurs ça singularité. La disparition de Josef Mengele est insoutenable, insupportable. Il l’est car il dépeint la vérité, la réalité. Il ne s’agit pas d’une biographie fantasmée.

Ceci n’est pas une fiction. Ceci est l’histoire du symbole de la cruauté nazie. De l’histoire d’une époque, d’une situation géopolitique, de l’Argentine de Péron, du Paraguay, du Mossad, du Brésil…

La disparition de Josef Mengele raconte l’effrayante odyssée d’un tortionnaire. Une sorte d’Arrête moi si tu peux, lui aussi inspiré de la réalité, où Leonardo DiCaprio serait remplacé par l’enfoiré d’ignoble de FDP – de y’a pas de nom tellement je le hais – de tortionnaire, de bourreau qu’est Josef Mengele. Et dans lequel Olivier Guez endosse le rôle de Tom Hanks, l’enquêteur persévérant.

Il n’y a pas si longtemps j’ai publié ce post sur ma page Facebook : Aujourd'hui je vais me livrer. Rendre les armes. Sans retenir les larmes. Lâcher prise. Écrire sous l'emprise des livres. Sous l'effet d'un livre. Voilà tu as ta réponse.

Le nazisme a été un tel séisme, un tel traumatisme, que des répliques se ressentent en 2017 ! C'est le cas avec le livre d’Olivier Guez La disparition de Josef Mengele.

Olivier, à sa manière, riposte pour nous tous. Il relate la fuite, la cavale, la vie et la chute du médecin SS d’Auschwitz. La disparition de Josef Mengele n’est pas une biographie, c’est un documentaire sur la vie après guerre d’un criminel de guerre en fuite.

Quatrième de Couverture :

1949 : Josef Mengele arrive en Argentine. Caché derrière divers pseudonymes, l’ancien médecin tortionnaire à Auschwitz croit pouvoir s’inventer une nouvelle vie à Buenos Aires. L’Argentine de Peron est bienveillante, le monde entier veut oublier les crimes nazis. Mais la traque reprend et le médecin SS doit s’enfuir au Paraguay puis au Brésil. Son errance de planque en planque, déguisé et rongé par l’angoisse, ne connaîtra plus de répit… jusqu’à sa mort mystérieuse sur une plage en 1979.

Comment le médecin SS a-t-il pu passer entre les mailles du filet, trente ans durant ? La Disparition de Josef Mengele est une plongée inouïe au cœur des ténèbres. Anciens nazis, agents du Mossad, femmes cupides et dictateurs d’opérette évoluent dans un monde corrompu par le fanatisme, la realpolitik, l’argent et l’ambition. Voici l’odyssée dantesque de Josef Mengele en Amérique du Sud. Le roman-vrai de sa cavale après-guerre.

Olivier - à l'instar de Sébastien Spitzer « Ces rêves qu’on piétine » - me fait plus penser à un héros, qu’à un auteur.

Si l’on écarte bien entendu qu’écrire n’est pas en soi un acte héroïque, mais c’est un autre débat que j’ouvrirai volontiers ce soir autour d’une bouteille de vin rouge et/ou de rhum !

Bref, Olivier, auteur/ héros, qui armé de sa plume décide de se frotter à un monstre : Josef Mengele. En mode « mano a mano ». En tête à tête avec l'horreur. Il a traité un temps certain, voire un certain temps, avec l’indicible … qu’il a si bien rédigé.

Le temps de ses recherches et de sa rédaction, Olivier s’est mu en sparte de l'écriture. En Léonidas. Partant seul affronter la bête. Et, c’est sans lance, qu’il s'élance, toute plume dehors, pour affronter Josef !

J’ai compris comment Josef est devenu Gregor, puis Peter, Wolfgang ou Pedro. J’ai compris comment cette cavale a été possible. Les coups de chance, les coups du sort, les coups de chaud, les coups de sang, les coups de feu. Avec l’aide d’Olivier, on démêle le vrai du faux.

Au lecteur d’être à la hauteur pour suivre ce prédateur chassé. La disparition de Josef Mengele permet d’évacuer, d’exorciser. Olivier écrit, nous décrit les qui, quoi, comment et parfois le pourquoi.

La disparition de Josef Mengele n’est pas le roman qu’on choisit pour se détendre, pour passer un bon moment, suivre l’inspecteur Duchemin contre un tueur en série ou les pérégrinations d’un groupe de quadra parisiennes. Non, La disparition de Josef Mengele se sélectionne, dans sa pile de lecture, comme une biographie ou un roman historique. Il faut être prêt. Prêt à lire la discussion entre Rolf et Josef par exemple.

Moi j’ai attendu d’être dans le bon état d’esprit, dans le bon mood. Histoire d’être réceptif à ce récit qui ne raconte pas d’histoires. Olivier nous permet d’appréhender ce qui se cache derrière ce triste personnage aux allures d’espion, de super vilain, de démon dément. Et lecture faisant, ce livre fait du bien. Casser le « mythe » pour (re)trouver un moustachu esseulé et impuissant.

Personnellement j’ai jubilé en apprenant comment il en avait chié. Sa traque, son insécurité. Un moindre mal. Ok, ce n’est pas politiquement correct – mais je suis comme ça.

Oui Ça fait du bien de lire La disparition de Josef Mengele. Oui et j’assume, j’ai jubilé.

Ok, certains vont décréter que c’est un sentiment petit ou bas ou que sais-je. Mais comme je l’ai dit en préambule, je suis sincère.

Ça fait du bien de rappeler comment le Bayer (de Bayer-Monsento) s’est construit et enrichi. Ça fait du bien d’avoir écrit, noir sur blanc, les propos que Mengele tient sur les brésiliens ou sur les juifs – que d’autres tiennent encore aujourd’hui sur d’autres, et ce en feignant de ne pas être fasciste. Et oui j’ai jubilé en lisant les « petites » turpitudes que ce seigneur de guerre a du affronter. J’ai jubilé en découvrant sa « putain de vie ».

Car au final, ça fait du bien de se dire que, quelque part, il y a eu justice. A ce qu'il paraît, le temps est assassin.

Grégory Vautrin

B.O de l’article :

Charlotte Gainsbourg - Rest


 
 
 

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