Chronique de la stagnation : critique de la (dé)raison pure
- gregoryvautrin
- 27 oct. 2017
- 4 min de lecture

Pour être totalement transparent, au départ, en titre, je voulais mettre Chronique de la stagnation : le livre que les culs serrés vont détester lire !
Mais je me suis dit qu’une référence à Kant et à sa problématique sur les limites de la raison était plus raisonnable et cohérente tant la révolution copernicienne, comme type de résistance mentale, est adaptée pour le livre aux faux airs de diatribe sociétale de Paul-Antoine Garisat. Autrement dit : comment faire réfléchir plus vite qu’un 100 m d’escargot nos p’tites têtes de pierre. #anthropomorphisme #Insta
LACHE TOI !
Quand @Serge Klock m’a transmis le livre Chronique de la Stagnation j’ai tout de suite observé l’objet avec intérêt. Rare de voir une couverture aussi sheep. Un hommage à Shawn le mouton ?
Et puis le titre : Chronique de la Stagnation. Là d’emblée, j’exclus tout lien de parenté avec Véronique et Davina.
Alors commence la lecture. Bien obligé je n’ai aucun indice autres qu’un nom : Paul-Antoine Garisat et ça :
Quatrième de couverture : "Je veux vivre autrement, à ma manière. Je ne pense pas qu'on soit sur terre pour obéir aveuglément et déprimer. Mon objectif c'est d'être indépendant. Je veux me sentir libre. C'est un bien grand mot je sais, qui a été galvaudé, mais j'ai pourtant la nette sensation d'en mesurer tout le sens aujourd'hui. Je pense qu'avec des petits boulots pour l'instant je peux survivre. Tant que je ne suis pas engagé dans un processus à long terme, ça va.
- Et l'argent ? Tu n'as pas peur de regretter ?
- Non, pas du tout. L'argent soit on en a beaucoup, soit on n'en a pas. Entre les deux aujourd'hui c'est l'esclavage."
Après un cursus universitaire qui ne le mène nulle part, un jeune homme cherche un emploi et se confronte au cynisme ambiant. Il accepte un poste d'agent de sécurité et fait diverses rencontres : salarié stressé, petit chef, call-girl free-lance, ermite philosophe, qui l'amènent à réfléchir au sens à donner à sa vie. Un jour une solution s'impose à lui.
Un décryptage jubilatoire du jeu social.
Paul-Antoine Garisat a 32 ans, avec Chronique de la stagnation, il signe son premier roman.
C’est un ovni dans mes dernières lectures. Que puis-je te raconter. Pour moi c’est le Cash Investigation du livre ayant pour thème le jeu social dans une pérégrination sans filtre d’un trentenaire parisien. L’auteur écrit comme on parle, comme on parle tous. Un peu comme Orelsan dans J’essaye J’essaye ou dans Basique.
Paul-Antoine est un punchliner littéraire. Après lecture #lectureterminée j’ai l’impression qu’il ne joue pas un rôle. Il incarne.
D’ailleurs, je note l’intelligence de l’ouverture du livre. En effet, Paul-Antoine commence sur un entretien d’embauche. Mais celui qui manie subtilement l’art de la digression sans en abuser en mode diversion séduis en quelques lignes. Car « je » ne se présente pas. Pas vraiment. « Je » ne se nomme pas. Du coup, double effet Kiss Cool, son « je » est le mien. Et celui de beaucoup selon moi.
Chronique de la stagnation illustre la résignation. Le héros est désabusé, on le suit dans une sorte de descente aux enfers – si toutefois nos codes sont ceux que lui rejette – Et c’est là toute la subtilité. On adhère ou on rejette. L’écriture n’est pas tiède. Alors forcément, le ressenti n’est pas moyen, ni milieu, et encore moins médiocre.
On assiste à un parcours atypique. Ce livre est comme un spasme d’une génération perdue / sacrifiée ? Il raconte une vision du monde qui décrypte comment on passe d’un jeune bien propre sous tous rapports, frisant presque avec le cul serré bien ennuyeux dont la vie est planifiée, codifiée. Bref d’un médiocre. Puis, en quelques lignes d’écart, à une loque amorphe dépendante à l’herbe et alcoolique (histoire de s’anesthésier) mais pourtant lucide et clairvoyante.
Puis ce parcours est jalonné de péripéties que je ne te dévoile pas sinon je sais qu’une guerre de spoil peut s’engager et je n’ai clairement pas envie de savoir que Bruce Willis est mort dans 6ème Sens
Ou si tu n’étais pas à jour dans Games of Thrones et que je te parle du dragon de glace ou de Cersei et de l’explosion. En te glissant un lien du top 10 des moments les plus badass.
Non je ne vais pas continuer cette pente douce et machiavélique.
Ce que je peux te dire, en revanche, c’est que ce livre est une bûche qui alimente l’intellect et la révolte contre un système déshumanisé et ses codes.
Paul-Antoine écrit p47 en parlant d’un roman que : « cela ne colle pas avec ce que l’on a l’impression de vivre au quotidien ». Lui c’est tout l’inverse. Il écrit comme dans la vie. Comme dans certains livres. Comme dans certains films. Enfin comme dans un. Comme dans Fight Club de David Fincher (du roman éponyme de Chuck Palahniuk)
Le côté direct, lucide et froid sur l’état actuel de la société et du ras-le-bol d’une génération entière. Tout le livre, de l’exposition au climax, me fait penser aux dialogues entre Tyler Durden et Le narrateur (tient tient pas de nom).
Non pas que c’est calqué dessus. Bien au contraire, s’en serait l’inverse. Son négatif. Le Ying et le Yang.
Ce livre n’est ni un pamphlet, ni une critique, ou un éloge. Selon moi, et ça ne vaut que ce que tu m’accordes comme crédit, l’auteur se place plus dans une démarche de ressenti, il pose simplement un constat d’une situation placée dans une histoire qu’on espère fiction.
Je ne saurai dire si le livre de Paul-Antoine est cynique ou réaliste. Politique certainement. Marginal aussi. Non-conformisme totalement.
Avec l’histoire d’un mec qui envoie tout en l’air. Un peu comme dans le livre d’Henri Loevenbruck Nous rêvions juste de liberté ou dans cet extrait de Fuck les régimes de Chloé Hollings. Sans oublier du Pierre Rabhi, Paul-Antoine prône, dans ce livre, et avec ses mots, une formule de la Sobriété heureuse.
Enfin comment ne pas encenser un livre dont l’auteur place – avec raison dois-je le souligner – la belote comme discipline reine loin devant le poker. Chronique de la Stagnation est mon p’tit coup de cœur de la fin septembre.
BO de l’article –dans la playlist JesuisMy sur Spotify
Pour le pire - Orelsan
Escape to the stars - Cinema Bizarre
Sign of the times - Harry Styles
@Gregory VAUTRIN
http://urlz.fr/5Tv6
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