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Souviens toi de Marie, 4 novembre 1943

  • gregoryvautrin
  • 29 août 2017
  • 4 min de lecture

Je me souviens très précisément du moment où j’ai découvert Le journal d’Anne Franck. Nous l’avons, pour la plupart, tous lu à l’école. Je ne vais pas faire mon malin. Pas là non. Moi aussi c’était une lecture « forcée ».

Or donc, alors enfant, à peine jeune homme et terriblement peu mâture, je m’efforçais de remplir mon devoir d’écolier. Faire ma fiche de synthèse pour Mlle Etienne une prof de français qui marque positivement et indélébilement une scolarité.

Or donc, moi @Grégory Vautrin, élève dilettant à la mémoire facile je faisais de mon mieux, de mon max pour bien faire ! Bien m’en a pris. Ce livre fut un choc, une claque, une révélation.

Toutes les palettes d’émotion qu’un livre peu faire ressentir, je crois bien les avoir vécues à ce moment là pour la première fois. Intensément. Passionnément.

L’incompréhension, le stress, l’angoisse, les pleurs, la haine, la prise de conscience.

De là, je pense #psycholigiedebazar qu’est né mon « plus jamais ça », ma révolte, ma résistance personnelle. Hors de question d’être un insoumis du canapé, installé devant son clavier, à fond pour râler et ne jamais bouger. Il faut agir, combattre, dire et écrire.

Marie, 4 novembre 1943 tient de ce journal intime en cela qu’il retranscrit – sur la même période de l’Histoire – un récit quasi authentique et brut. Encore une fois, les @Editions Territoires Témoins ont su éditer un livre profondément humain, touchant, sincère et poignant. En témoigne la préface de Serge Klarsfeld dont je ne copie/colle aucuns mots tant il te faut la lire de tes yeux, que ta voix mentale te fasse la lecture et que tes doigts fassent glisser le papier rythmé par le tempo de tes émois.

Parfois l’ « escape » n’a rien d’un « game ». Fuir encore et toujours. Qu’importe. Le bien, le mal. Le bonheur ou le malheur qu’importe mais il faut fuir. Partout vous lirez que Thomas Degré « revisite la seconde Guerre », mais personnellement je trouve qu’il ne revisite pas.

Thomas n’écrit pas une autre histoire que celle qu’il connaît. Certes elle est en parallèle de l’Histoire (note le grand H majuscule hein) mais – pour moi il ne revisite rien.

L’auteur rédige avec le cœur, les tripes et son âme une histoire qu’il connaît de très près. On ne revisite pas cette période, on ne remue pas ces souvenirs, comme on revisite une maison dans laquelle on a vécue, comme un plat que l’on décline. On ne revisite pas ces drames, on ne fait pas de remake avec son histoire. Thomas se raconte avec gravité et pudeur pour se souvenir, et cultiver notre mémoire. Pour dépasser le traumatisme collectif et in fine arriver à un « vivre en paix ».

Quatrième de couverture :

C’est plus fort que lui, quand François est heureux il s’enfuit. Comme s’il avait peur de trop de bonheur trop longtemps. Un jour, alors qu’il a une fois de plus quitté celle qu’il aime, il part pour son village natal dans la Creuse, retrouver son père. Il apprendra qu’il était autrefois inséparable de Marie, une petite fille juive, venue se refugier dans un hameau voisin. En cherchant ce qu’elle est devenue, il revivra l’évènement traumatique clé de son comportement

Il est question ici, d’amour, de culpabilité, de mémoire abolie et de souvenirs libérateurs. De reconnaissance aussi envers les Justes et tous ces héros de l’ombre qui savent tendre la main aux victimes de la barbarie, de toutes les barbaries.

Je n’ai pas cinquante nuances à décliner pour vous parler du dernier roman de Thomas Degrè. Il y a des romans, des sujets traités, des styles employés, des manières d’écrire, des mots associés, des histoires racontées qui donnent des frissons, qui font vaciller les certitudes, qui bouleversent les convictions, qui bousculent les âmes, qui émeuvent à ne plus pouvoir respirer, qui étreignent les cœurs et serrent les gorges, qui nouent les estomacs et dressent les poils.

Des romans qui nous poussent à chercher un peu d’air dans ces spirales de mots, dans ces tourbillons d’émotions dont l’essence est authentique. Marie 4 novembre 1943 est de ces livres.

François fuit. En avant. Contre le vent, il détale et décampe lorsque le bonheur l’étreint, se campe et s’étale devant lui facilement. Clara est là, mais lui n’en veut pas. Pourquoi ? Comment ?

De sa fuite, François découvre dans sa Creuse natale, des rivages inconnus, comme Marie-Claude l’épicurienne cash qui saisit les opportunités. Elle cueille et compile les petits et grands bonheurs comme d’autres amassent des billes dans un sac. Dédicace à Claude Kotz !

Puis, la page 90 annonce la petite Marie. Celle que François a oublié, occulté dans un black-out. Dans un flou, dans son amnésie infantile.

Certains veulent mettre leurs pas dans ceux de leur père, lui souhaite suivre les sentiers de sa petite enfance. Et François va enquêter pour se souvenir des belles choses… et des moins belles. Ouvrir un livre peut parfois vous faire retrouver une personne et vous la faire perdre la page d’après. Telle est la réalité du Mémorial de la déportation des Juifs de France.

Thomas, tel Le Pianiste, frappe ses mots qu’on lit d’une voix blanche et qui laissent en tête ces images noires. Enfin noires … non car l’auteur s’offre le « lux » intense non pas d’une, mais deux histoires d’Amour. L’une passée, l’autre se conjuguant au futur sur un air de Bashung, éclairant sur son passage cette sombre période de notre Histoire.

Comme souvent, pour un amnésique il faut un choc sur la tête ou tomber d’un escalier. Bref prendre un coup sur la musette. François, lui est plus réceptif à une œuvre d’Edvard Munch qui joue au ballon. Comme quoi, et je le dis souvent, c’est dans les détails que se trouvent la vérité.

Parfois l’histoire d’un homme s’inscrit dans celles des Hommes. La terrible vérité de François, personnage principal du livre, se conjugue avec la vérité terrible de la seconde Guerre Mondiale.

Si vous voulez vous sentir vivant, rire et pleurer, ressentir la joie, de la culpabilité, et la peur en quelques 175 pages, alors n’attendez pas la Saint Glinglin et ne remettez pas à plus tard votre lecture de Marie 4 novembre 1943

Je ne crois pas en Dieu, mais en Keyser Söze oui, et je pense que le diable est en l’homme. Malgré tout, la vie est belle. Merci Mlle Etienne pour le goût de la lecture. Merci Thomas Degré pour avoir le bon goût de l’écriture juste.

Grégory Vautrin

lien de l'article ==> https://www.facebook.com/notes/jesuismy-grand-est/souviens-toi-de-marie-4-novembre-1943/1684619518245804/


 
 
 

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