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Sous le regard du loup : la nouvelle bête de Gilles Laporte.

  • Grégory Vautrin publié pour Mylorraine.fr
  • 13 févr. 2017
  • 6 min de lecture

Gilles Laporte, vieux loup de mer du 5ième art, reconnaissable entre mille à sa toison argentée et au regard malicieux irisé d’un bleu azur, signe un nouveau roman Sous le regard du loup. Ce livre saura vous accompagner une partie de votre été, qu’il soit ensoleillé ou qu’il fasse un froid de loup. Gilles Laporte, berger des écrivains lorrains, connu comme le loup blanc, offre encore une perle à nos yeux, où littérature et plaisir ne font plus qu’un.

Sous le regard du loup est l’énergique humoristique panégyrique écologique de Gilles Laporte.

Toutes celles et tous ceux qui on reçu le communiqué de presse vous raconteront la même histoire :

Loup y es-tu ? Un paisible village vosgien attire journalistes et chasseurs, curieux de tout poil et de la France entière. Le loup serait de retour... Seule Marie, clairvoyante étudiante, prouvera qu'il ne faut pas craindre la nature mais bien la bêtise humaine.

Claude, paysan, découvre dans l'un de ses parcs des brebis égorgées... Commence une histoire qui va ébranler la France entière en cette année 1977. Partout on glose sur « la nouvelle bête du Gévaudan ».

Et l'affaire prend bientôt un tour politique car non loin, dans son vaste domaine de Valdigny ? Vit un mystérieux châtelain, un « ancien nazi », selon la rumeur colportée par des chasseurs.

Marie, fille de Claude et étudiante en philo, milite pour le respect de la nature qu'elle aime tant. A l'acharnement masculin contre l'animal incriminé, la « bête », elle oppose la bienveillance, mènera sa propre enquête et révélera toute la vérité.

Ok et après pensez-vous. Tout cela est bien joli, mais où est l’avis, la critique, l‘engagement. Et bien, juste là juste en dessous, il fallait être patient.

Premier point, celui qui ouvre son livre par une variation de Jean Ferrat illumine immédiatement mon temps de lecture. Il suffit d’une phrase, une simple petite phrase de 8 mots pour que Gilles Laporte fasse naître émotions et sentiments chez son lecteur, en l’occurrence moi. Certains chantaient le pouvoir des fleurs, lui à n’en pas douter, Gilles connaît celui des mots.

Déjà dans son précédent ouvrage L’Etendard et la Rose, Gilles nous démontrait toute la puissance de sa plume. Et il réitère.

Ainsi, l’écrivain parle de la vie, des thèmes qui lui sont chers comme l'écologie ou la dignité des femmes. Quoi de plus contemporain, universel, fédérateur et même naturel que ces thématiques !!

Gilles philosophe, plaide, salue, témoigne, critique, distrait, émeut, raconte, provoque. Le lecteur s'amusera beaucoup à le lire, car Sous le regard du loup est écrit avec beaucoup d'esprit et de justesse, en témoigne ces courts extraits :

Page 40 on peut lire : Impossible de s’endormir ! Au fond de son lit, entourée de ses doudous de petite fille dont elle ne parvenait pas à se séparer, Marie tentait d’évacuer de sa tête les traces de la tragédie observées sur la prairie : paquets de laine et tache de sang, herbe piétinée, regard apeuré des survivantes qui s’écartaient dès qu’on tentait de les approcher, les gestes et mots de son père qu’elle n’avait jamais vu aussi affecté. Achevées les constatations d’usage par la maréchaussée, mesures à la chaine d’arpenteur, marquage de la clôture à la bombe de peinture fluo, photos du site sous tous les angles, les cadavres avaient été embarqués par l’équarisseur. Circulez, il n’y a plus rien à voir. Sauf que, dans la tête, le ménage restait à faire, pour longtemps encore.

Au premier chant du coq Amédée, elle donne de la lumière, sorti ses cours de philo, revit la preuve ontologique de l’existence de Dieu selon Descartes. La relut : « dieu Existe parce que, en tant qu’être parfait, s’il lui manquait l’existence, il ne serait pas parfait. Donc il existe. » Relut encore, en se demandant comment, depuis plus de trois siècles, un tel syllogisme basique avait pu combler bien des théologiens de sacristie en panne de carburant spirituel.

Ou encore page 75

L’image d’un Don Quichotte d’opérette frappa Guillaume, lui aurait bien donné envie de rire si la cavalière n’avait pas paru aussi agressive. Il se surprit à chercher des yeux l’arrivée d’un quelconque Sancho Pança sur son âne quand elle insista. (…) Curieuse impression de vivre une scène de film, une séquence d’un Capitan nouvelle version avec, dans le rôle principal, plutôt que Jean Marais, un Louis de Funès au sommet de son art.

J’arrête là, car sinon je recopie le livre en intégralité. La page 358, qui comme le magnum dégainé, fait retentir une chanson sur la fraternité (ou son absence) résolument et malheureusement d’actualité. Le plaidoyer page 362 est magistral. Un plaisir est total, le bonheur à son paroxysme, mieux un kiffe absolu !

Coup de génie de monsieur Laporte, sensibiliser par l’humour. Bernard Werber a par ailleurs écrit dans L’Empire des Anges : « l’amour comme épée, l’humour comme bouclier. » Quelle merveilleuse idée que de passer par le rire pour que les idées défendues par l’auteur s’insinuent dans nos cerveaux ! Merci pour ces belles graines plantées Mr Laporte.

Dans ce village lorrain, chacun en prend pour son grade : journalistes dans une course effrénée de sensationnelle, curé moralisateur, chasseurs toujours enclins à dégainer avant de penser. Je ne saurais dire combien fois, en lisant j’ai eu en tête le sketch des Inconnus.

A la bêtise et à la vanité, Gilles oppose sa Marie Labouret. Une héroïne toute sage, toute douce, toute en perspicacité. Personnage aux yeux clairs comme l’auteur, Marie est la fille du paysan dont les brebis furent les premières victimes de « la bête ». Mais l’affaire n’est pas si simple, le loup n’est-il pas le bouc émissaire si facile à accuser ?

C’est elle qui va forcer ces hommes à réagir avec le cœur. Gilles fait dire à Marie que finalement, le loup n’est pas toujours l’animal que l’on croit. Evidemment, Marie nous guidera vers la solution de l’énigme bien aidée de Guillaume Bouvard journaliste de son état. Et puis il y a la Générale. Un sacré personnage cette bonne-femme. L’instituteur qu’on rêve tous d’avoir Mr Ballaux, fait penser au héros du documentaire Etre et Avoir.

Gilles explique ses personnages dans une interview accordé à son éditeur : « Tandis que l’instituteur incarne les valeurs de références de l’école et la Fraternité républicaine, le maire une manière chafouine d’exercer le pouvoir municipal en nourrissant son ambition sénatoriale, le postier un attachement religieux au service public, l’adjudant des pompiers une disponibilité sacerdotale… ma Générale Berthe de Coursensac incarne l’autorité (partagée autrefois avec son défunt mari), le respect d’un ordre établi sur les bases des éternelles lois de la Nature, un bon sens enraciné dans sa foi en l’Homme, et la générosité féminine très troublante pour tous les mâles attirés tant par ses formes que par son prestige. Sa protégée Marie et elle éclairent ce roman de leur regard optimiste et respectueux de la vie sous toutes ses formes, humaine, animale, végétale… minérale même. Ensemble, elles portent les couleurs de l’écologie moderne. »

Ce roman n’est pas un livre régionaliste, c’est bien plus. Sous le regard du loup est une critique satirique, drôle et incisive plus efficace que la COP21. Dithyrambe pour la nature, une analyse sociale, peinture sociologique de la vie paysanne divisé par des choix cornéliens entre le sacrosaint financier et le (normalement / logiquement / principalement) respect de la terre.

Gilles Laporte renvoie aux préoccupations de beaucoup exposées également par Yannick Monget ou Jean-Marie Brice.

Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas l’œil du cyclone qui nous fait chavirer mais bien sous le regard du loup. Gilles Laporte crie vraiment et subtilement au loup ! Il tente avec lucidité et drôlerie de nous sensibilisé sur des thématiques importantes voir importantissimes et essentielles.

L’auteur rencontré aux Imaginales est toujours et encore aussi vif dans ses réflexions sur les hommes se comportant comme des chiens balafrés par la bêtise, la jalousie ou l’appât du gain.

Jetez-vous, sans l’ombre d’une hésitation, dans la gueule du dernier roman de Gilles Laporte. Faîtes le à cœur perdu, car ce dernier est encore rédigé à cœur ouvert ! Il se referme d’ailleurs sur une autre citation, sur une prophétie des Indiens Cree. Décidemment, Gilles Laporte est un homme qui ne cesse d’étonner et de donner à penser… A vous de comprendre maintenant.


 
 
 

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