Nous rêvions juste de liberté, le livre d’un révolté du bitume.
- Grégory VAUTRIN publié pour Mylorraine.fr
- 13 févr. 2017
- 4 min de lecture

« Easy Reader » oui il y a un jeu de mot facile avec Easy Rider pourtant, il est vrai que Nous rêvions juste de liberté se lit facilement. Gage de qualité s’il en est, une fois la première page lue, votre cerveau entre dans l’engrenage de la lecture plaisante, et les pages défilent plus vite qu’un Harley lancée à pleine vitesse sur la route 66 !
Résumer Nous rêvions juste de liberté est assez simple en somme c’est une histoire de loyauté, d’honneur, de respect de liberté … Enfin presque.
Contrairement à ce que beaucoup pense, émettre une critique, qu’elle soit positive ou négative, n’est jamais facile. Il faut être à la hauteur de l’auteur. Pas aisé quand ce dernier se nomme Henri Lœvenbruck. Nous rêvions juste de liberté est la rhapsodie pour un motard. Une symphonie par écrit pour les rois du bitume et pour les autres … Le Lœvenbruck n’est pas sectaire, bien au contraire. Nous rêvions juste de liberté, est un livre ouvert à tous.
Henri Lœvenbruck, directeur artistique du festival Gérardmer Motordays est un artiste lorrain, résidant à Paris et auteur des cathédrales du vide et des mystères de Fulcanelli. Avec Nous rêvions juste de liberté, il change de registre et explore quelque chose de plus personnel. Je parie ma Iron 883 qu’il y ait dans ses personnages quelque chose d’Henri.
Ici les héros de ce « road book » ne se nomment pas Wyatt et Billy mais Hugo Felida alias Bohem, Oscar le chinois, Alex la fouine et Freddy Cereseto. Freddy comme un frère barjot souhaitant ardemment se barrer, une âme sœur, ersatz d’une frangine partie trop tôt. Ou encore Papy Galo, ce gitan, papy adopté autre membre d’une famille composé de bric et de broque avec ce qu’on se trouve sous la mains. Sans oublier Mani, Melaine, Véra, Sam, Fatboy, le surveillant Da Silva …
Le livre d’Henri Lœvenbruck est un hymne à l’aventure c’est l’aventure, une ode à la route, à la fraternité, à la déconne et à la liberté ! Ici gît tout un panel de personnages hauts en couleur. Une histoire d’amitié, de dangereuse amitié certes. Avec des copains, des vrais, qui amortissent les chutes. Une sorte de cœur des hommes version rock n’ roll et bikers qui s’écoute avec du freedom d’Anthony Hamilton & Elayna Boynton, du Eddie Vedder à la façon Into the Wild ou du born to be wild de Steppenwolf à fond les ballons.
Alors forcément, subtile mise en abîme, quand deux héros parlent bouquins dans le livre, ils évoquent du Jack London, du Salinger, du Kerouac et du Steinbeck. Etsi ces noms n’évoquent rien de particulier, je vous invite à courir chez votre libraire le plus proche, car ne pas les lire, ce n’est pas grave en soi, c’est juste dommage. Comme louper un livre d’Henri Lœvenbruck.
En développant cette notion de liberté, Henri offre ici quelque chose de bien plus profond qu’une simple histoire de gosses sur des motos. Il fait résonner ce mot avec une force assourdissante, avec beaucoup de profondeur en ces temps d’obscurantisme grandissant, de peurs absurdes, d’angoisse en tout genre et d’absence cruelle de pensée personnelle.
Jamais les lignes d’un livre n’auront autant retenties en moi comme celles de celui d’Henri. : « Plus le temps passe, plus j’ai l’impression de voir nos libertés s’abîmer, comme un buisson auquel on fait rien que de couper les branches, pour son bien. J’ai le sentiment que, chaque jour, une nouvelle loi, sort du chapeau d’un magicien drôlement sadique pour réglementer encore un peu plus nos toutes petites vies et mettre des sens interdits partout sur nos chemins. »
A l’instar de Paul Eluard dans Liberté, Henri l’écrit également sur les sentiers éveillés, sur les routes déployées, sur mes refuges détruits, sur les pages lues, sur toutes les pages blanches qu’il a finalement noircies avec Nous rêvions juste de liberté.
Qu’importent l’histoire et le vécu du lecteur, le livre fait forcément remonter en soi des souvenirs propres. L’identification est forte, l’imaginaire s’emballe. Nous rêvions juste de liberté n’est pas à proprement parler une madeleine de Proust, car il nous propulse dans la cour de l’école de Providence mais tellement bien fait que moi même j’y étais. Moi, lycéen de Saint Sigisbert à Nancy sous le préau, avec ma bande, ma « Joe bar team » mes copains, unis pour la vie et la mort, j’étais aussi à Providence.
A la manière de sept saisons cumulées de Sons of Anarchy, le livre balaie tout le spectre du genre humain, des joies, des drames, des trahisons, des morts. Des âmes brulées fuyants la mélancolie, la médiocrité … avec pour seul besoin celui de rêver de liberté.
La Quatrième de couverture résume : « Nous rêvions juste de liberté « Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté. » Ce rêve, la bande d'Hugo va l'exaucer en fuyant la petite ville de Providence pour traverser le pays à moto. Ensemble, ils vont former un clan où l'indépendance et l'amitié règnent en maîtres. Ensemble ils vont, pour le meilleur et pour le pire, découvrir que la liberté se paie cher. Nous rêvions juste de liberté réussit le tour de force d'être à la fois un roman initiatique, une fable sur l'amitié en même temps que le récit d'une aventure. Avec ce livre d'un nouveau genre, Henri Loevenbruck met toute la vitalité de son écriture au service de ce road-movie fraternel et exalté. »
La page 357 commence à fusiller comme un magnum, déchirante et sombre. Cette page (comme les suivantes) a la trajectoire d’une balle qui touche en plein cœur, celle de l’utopiste qui lutte contre le système dans le livre, et celui parfaitement (r)éveillé par la lecture, dans le vrai monde. Nul doute que le livre fera verser quelques larmes, mêmes aux plus durs !
Nous rêvions juste de liberté d’Henri Lœvenbruck est subversif. Actuel. Magnifique. Emouvant. Délectable. Comme cet escalier qui monte au paradis.… Chaque page regorge de pépites, de phrases fortes et d’images chocs, avec la volonté farouche d’embrasser la vie, de partager un bout de route, un bout de chemin – de traverse le chemin - forcément.
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