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Le livre sur les plantes obsidionales fleure bon le savoir

  • Grégory Vautrin publié pour Myloraine.fr
  • 13 févr. 2017
  • 3 min de lecture

Ce n’est pas la guerre des roses que nous raconte François Vernier dans son dernier livre intitulé Plantes obsidionales, mais bien l’étonnante histoire des espèces propagées par les armées ! Oui, disons le franchement, François est un obsédé de l’obsidional.

Il faut bien avouer que sur le coup, j’ai du faire appel à un ami. Mon meilleur ami, pour ainsi dire. Le dictionnaire n’est pas uniquement le compagnon de Maître Capello, des adeptes des chiffres et des lettres ou de votre veille professeur de français. Non le petit Robert ou le grand Larousse reste en ces circonstances notre meilleur allié. Quoi de mieux lorsque le sujet attrait à la guerre.

En effet, « obsidional », dit comme ça, sorti de son contexte, on peut rester perplexe. Et ce n’est pas facile à dire vite, si vous lisez à haute voix.

Sachez qu’obsidional concerne le fait d'assiéger une ville, d'être assiégé. On peut parler, par exemple, de monnaies obsidionales. Alors, si vous voulez marquer 69 points au scrabble facilement, il vous suffit de jouer obsidionales. En revanche, et pour avoir encore plus de panache, vous pouvez le glisser comme ça dans une conversation, ça fera son petit effet. Ça c’est fait, l’auteur maintenant.

François Vernier, à l’origine de la création de Floraine. Ingénieur forestier en retraite depuis 2011, fait partie du Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel. Il est l’auteur de la Flore de Lorraine publié en 1994 et de la Nouvelle Flore de Lorraine paru en 2001 et d’autres ouvrages de vulgarisation et d’articles sur la botanique.

Il est également membre de l’Académie Lorraine des Sciences depuis 1996 et titulaire de cette société savante depuis 2002. Il a dirigé, avec succès, au titre de Floraine, la publication de l’Atlas de la flore lorraine, paru en 2013 chez Vent d’Est que nous vous avions présenté. Bref cet érudit partage ces connaissances sur le milieu pour que nous en sachions plus sur notre terre.

Le livre, coupe l’herbe sous le pied aux préjugés et méconnaissances en tout genre, puisqu’il s’ouvre sur cette citation : « Là où Attila passe, l’herbe ne repousse jamais ». Et bien c’est faux, archi faux comme disent les paysans.

Ce livre nous démontre tout le contraire, non seulement l’herbe repousse après le passage des troupes guerrières, mais elles apportent avec elles des espèces nouvelles.

Bon, de là à souhaiter l’invasion de troupes ennemies dans son jardin, faut peut-être pas délirer tout de même hein. Les conseils de Silence ça pousse seront bien plus judicieux pour l’entretien de votre gazon.

Cet ouvrage n’a pas la prétention d’être exhaustif sur le sujet, car il faut être prudent sur l’origine des plantes importées par les armées. En effet, un petit malin aurait pu pour feinter le monde, semer des graines de Sisyrinchium montanum alias l’herbe aux yeux bleus en forêt de Gobessart, près de Saint-Mihiel (55). Après on préfère l’idée qu’elle a été introduite par les troupes américaines en 1917 via le fourrage des chevaux. Mais tout se défend, d’autant que le 1er avril n’est pas loin.

En revanche soyez assuré du sérieux des informations rédigées dans le livre. Les espèces décrites dedans, proviennent bien des troupes occupantes, lors des différents conflits affectant notre région. La particularité de ce travail est de mêler la botanique aux conflits humains, et d’éclairer d’un angle nouveau les conséquences liées aux tragédies qui ont impactées notre territoire.

En effet, les temps de guerres et de troubles s’accompagnaient d’immenses mouvements de troupes, de populations réfugiées. Jusqu’au passage à une guerre mondialisée et mécanisée, faire la guerre imposait de disposer de chevaux et de toute la logistique qui accompagne : charrettes, chariots, foins. Puis s’ajoutait ensuite l’utilisation des trains, voire dans des cas particuliers, le recours aux ânes ou même aux chiens de traîneau. Tout cela a eu pour résultat de faire migrer des graines, qui avec le jeu du hasard fertile, ont colonisé de nouveaux territoires.

Labellisé livre centenaire 14 / 18, plantes obsidionales figure sur programme national officiel des commémorations du centenaire. On a la classe, ou on ne l’a pas. Et pis c’est tout. L’ingénieur forestier démontre, avec brio, dans cet exercice littéraire quasi documentaire, que même si l’armée passe, l’herbe repousse ! L’herbe repousse certes, mais pas totalement la même. De nouvelles espèces sont apparues sur le sol lorrain après le passage de troupes russes, allemandes, américaines voire même françaises, portées dans le fourrage des animaux, le paquetage des belligérants. Certainement la plus belle des invasions.


 
 
 

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